Pendant l’hiver, la taille représente (environ) 3 mois de travail, pendant lesquels notre équipe vigne doit affronter un climat parfois hostile. Cette longue étape, bien que d’apparence fastidieuse, est primordiale pour la récolte à venir.
Il est alors légitime de se demander en quoi la taille est-elle si importante et comment cela se passe concrètement au Château d’Eyran ? On vous explique tout ici !
Qu’est ce que la taille ?
La taille est une étape qui consiste à enlever le surplus de bois de l’année précédente en guidant la croissance du nouveau pied. Environ 80 % du bois de l’année (bourgeons), appelé sarments est alors coupé. Une fois la taille accomplie, notre équipe va « faire tomber les bois ». Les sarments vont alors être séparés du pied et déposés au milieu du rang, au sol. Ce n’est pas la fin de leur histoire, deux futurs s’offrent à eux.
Scénario 1 : l’anticipation de la saison estivale (10% des sarments)
Avec l’accord des propriétaires, certaines personnes viennent récupérer des sarments et les stockent patiemment jusqu’aux beaux jours. Le bois de vigne se montre alors comme un parfait combustible pour les grillades, alliant des braises nombreuses et chaudes, mais surtout ce typique goût de fumée qui viendra sublimer les viandes (la fameuse « entrecôte bordelaise aux sarments »).
Scénario 2 : le retour à la source (90% des sarments).
Les sarments qui n’auraient pas trouvé un foyer, vont être broyés mécaniquement et réintégrés au sol. Une manière écologique de nettoyer le vignoble, alimenter nos sols, détruire nos déchets et rentrer ainsi dans un cercle vertueux. Restituer au sol cette matière organique riche en minéraux permet aussi de remplacer des engrais tout en étant bénéfique pour la vie et la structure du sol (évite les tassements).
Mais au-delà de ce côté bénéfique pour le sol et sa régénération, la taille a avant tout un intérêt majeur pour la plante.
Pourquoi tailler ?
On dit que dans le vignoble, un hiver idéal est un hiver long et froid. Cependant, on constate depuis quelques années, des hivers de plus en plus doux et par conséquent des bourgeons qui s’ouvrent de plus en plus tôt.
Mais plus une vigne débourre tôt, plus elle sera assujettie aux pertes liées au gel de printemps. Il est donc nécessaire de mettre en place une stratégie de taille adaptée afin de minimiser ces risques et de gérer au mieux cette période critique.
Le débourrement de la vigne est la première étape du cycle végétatif de la vigne. Pendant celle-ci, les bourgeons vont se développer et s’ouvrir en laissant apparaître un duvet appelé bourre, qui par la suite deviendra les feuilles de vigne.
En effet, certains cépages sont naturellement plus précoces que d’autres. Comme le sauvignon blanc, le sémillon ou encore le merlot, ce sont donc les cépages que nous taillons en dernier, afin de retarder au maximum le débourrement et de protéger le plus possible la future récolte. Le cabernet étant naturellement plus tardif, il sera souvent taillé en premier.
Un cépage précoce est une variété de vigne qui va naturellement débourrer plus tôt que d’autres variétés.
Pourquoi ne pas tout tailler en mars pour éviter le gel printanier ?
Nous faisons le choix de ne jamais terminer la taille par les cépages blancs, car ceux-ci étant particulièrement précoces, nous ne souhaitons pas que certaines étapes se superposent. À titre d’exemple, si le débourrement arrive en même temps que le sécaillage et que le pliage, il a de fortes chances d’abîmer le bourgeon et de perdre un temps considérable.
Le sécaillage parfois appelé carassonnage consiste à contrôler et entretenir le palissage de la vigne et son bon maintien. C’est à dire, vérifier l’état des piquets et si nécessaire les remplacer, réparer les fils défectueux, gérer la tension, etc..
Le pliage est une étape qui consiste à attacher la latte taillée à un fil de fer horizontal, afin de contrôler le pied et de mieux répartir les grappes.
Cependant, ce n’est pas le seul paramètre à prendre en considération. Pour mettre toutes les chances de notre côté et sauver au maximum la future récolte, nous prenons aussi en compte les méthodes de protection antigel pour choisir l’ordre de taille. Ainsi, les parcelles équipées du système de micro-aspersion, sont les plus protégées, elles seront donc taillées en premières, puis vient le tour des parcelles protégées par éoliennes et pour finir les parcelles sans protections.
En fonction de ces nombreux critères (installations et variétés), notre équipe va créer un planning et jongler entre plusieurs parcelles et étapes, ce qui signifie parfois mettre la taille en pause pour débuter une autre étape et y revenir plus tard. Cette bonne coordination est primordiale pour que chaque opération soit faite à point nommé.
Comment tailler ?
Au Château d’Eyran, nous avons fait le choix d’une taille en Guyot Mixte, cela consiste à laisser un sarment avec 6 bourgeons d’un côté (appelé latte ou aste) et un sarment avec 2 bourgeons en face (appelé courson). La régulation du nombre de bourgeons permet de contrôler la quantité et la qualité.
Ces bourgeons sont sélectionnés pour être les mieux positionnés et espacés possible. Ainsi, nous allons permettre au feuillage et aux grappes de bien se développer et éviter la pourriture. Cette taille va être inversée une année sur deux, afin d’inverser les flux de sève et d’avoir une alimentation équilibrée des différents bourgeons.
Chaque pied demande un soin particulier et une analyse individuelle, l’équipe prend alors en compte la vigueur et le comportement de la vigne pour adapter la taille. Nous allons réfléchir à deux choses : la production annuelle qui donnera le millésime à venir, mais aussi la formation du pied sur le long terme. Il est alors possible d’adapter la taille et d’enlever des bourgeons si le besoin s’en fait ressentir.
Bien entendu, il existe des normes et des quotas a respecter selon les cahiers des charges. Ainsi, en Pessac-Léognan, nous avons un maximum de 12 bourgeons par pied avec une date buttoir de taille (avant le stade 2 ou 3 feuilles étalées).
Quel matériel utiliser ?
En décembre, une première partie de l’équipe, alors composée de 3 personnes, s’est affairée à la taille, puis 2 personnes supplémentaires se sont rajoutées à partir de janvier.
Soucieux de la santé de notre équipe, nous avons fait le choix d’un matériel adapté à la pénibilité de la mission et à la fatigue que celle-ci peut engendrer.
Premièrement, toute l’équipe est équipée de sécateurs électriques permettant de diminuer les efforts des mains et poignets. Nous avons aussi investi dans des chariots, appelés mini-scoots de la société Humeau. Au nombre de 3, ils permettent à nos travailleurs de tailler assis, avec une bonne vision sur le pied, mais avant tout d’être protégés des intempéries et de diminuer la fatigue. Les chariots sont partagés et un roulement se fait naturellement à la fin des rangs.
Ces équipements permettent d’appréhender plus sereinement cette période difficile et longue et s’ancre pleinement dans la philosophie de notre entreprise.
Vous l’aurez compris, la taille est une étape particulièrement importante pour la production du raisin. Dès ce moment-là, notre équipe va réfléchir a comment produire le plus qualitativement possible, pour vous proposer chaque année des vins complexes et évolués.
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