L’année 2024 a été particulièrement éprouvante pour les viticulteurs français, confrontés à des conditions climatiques extrêmes. Le travail à la vigne a exigé des a nécessité des efforts accrus pour faire face à des défis multiples, tels que le gel, les pluies abondantes et la prolifération du mildiou.
Pourtant, l’espoir d’un joli millésime persiste grâce à l’ensoleillement du mois d’août et à l’écart de température entre le matin et l’après-midi, qui favorise la maturation des raisins.
Il est désormais temps de dresser le bilan de cette récolte et de recueillir les premières impressions “à chaud” de notre maître de chai, Florian.
2024 : les conditions climatiques
Pour ce millésime, le principal défi rencontré par les vignerons a été la pluviométrie, tant en termes de quantité d’eau que de fréquence. Pendant la période végétative, il a plu en moyenne tous les deux jours. Ce millésime, bien que très précoce dans son démarrage, s’est avéré moins lumineux. Il figure parmi les millésimes qui ont débuté le plus tôt depuis une soixantaine d’années, tandis que les vendanges ont eu lieu aux dates habituelles, vers la fin septembre.
Les températures très douces de l’hiver et de la fin mars ont favorisé à cette précocité tout en rendant le vignoble particulièrement vulnérable au gel tardif.
Quel est pour toi le bilan de cette campagne ?
Florian : “J’en tire un bilan en demi-teinte. Le côté positif est que le rendement est satisfaisant, avec de beaux volumes récoltés. Cependant, sur le plan qualitatif, nous sommes en deçà des années précédentes. En effet, nous avons dû récolter un peu plus tôt en raison de la pourriture, afin d’éviter des pertes aromatiques trop importantes.“
2024 : la forte pression du mildiou
Le début de la campagne a été marqué par des conditions très humides, pratiquement jusqu’à la véraison début août. Mais aussi à chaque étape clé du développement de la vigne : débourrement, nouaison, etc.. Cette humidité a été particulièrement favorable à la propagation du mildiou, une maladie fongique redoutable qui se développe dans de telles conditions.
L’impact du mildiou est double : d’une part, il entraîne une réduction significative des rendements, et d’autre part, il augmente la fréquence des traitements nécessaires. Ainsi, face à cette pression accrue, nous sommes contraints d’intensifier les traitements tout en récoltant moins.
Est-ce que cette année a été particulièrement stressante ? Avez-vous dû prendre des décisions difficiles ?
Florian : “Stressante, oui d’une certaine manière, car nous avons dû effectuer des traitements supplémentaires en raison des pluies fréquentes.
Malgré cela, la pression du mildiou a été très forte. Au vu des rendements, nous sommes satisfaits du travail accompli, mais cela n’a pas été sans tension.
Cette année, nous avons dû prendre des décisions quant aux dates de traitement, à cause de la météo très instable et imprévisible. Aussi, il a fallu choisir les produits à utiliser en tenant compte de leur efficacité et de leur coût, ainsi que du moment opportun pour les appliquer.”
Quel est le volume estimé de pertes de récolte dues à la forte pression du mildiou ?
Florian : “En réalité, c’est le millerandage qui a davantage impacté le raisin que le mildiou cette année.
À ce stade, il est encore difficile d’estimer précisément le volume de pertes, car lorsque les baies d’une grappe sont touchées par le mildiou, toute la grappe est perdue. En revanche, dans le cas du millerandage, les baies non affectées de cette même grappe peuvent être sauvées.
Cependant, pour donner un exemple concret, sur l’une de nos parcelles les plus touchées par le millerandage, nous estimons une perte de 35 à 50 %.”
2024 : le profil de vin
Nous revenons vers des vins plus classiques. En effet, les précédents millésimes étaient davantage marqués par la sucrosité, donnant des vins denses aux arômes de fruits mûrs. Cette année, les raisins ont un bel équilibre au niveau de l’acidité, avec des aromatiques présentes; ce qui a pour mérite d’exacerber le côté frais et fruité.
Quel profil de vin peut-on envisager pour ce millésime 2024 ?
Florian : “Nous pouvons envisager un millésime moins structuré, mais très fruité, avec une belle ouverture et une acidité plus présente. Ce sera un vin plus léger que les millésimes précédents, car nous observons dans les cuves des macérations rapides et une extraction plus courte des arômes et des tanins, en raison de la faible teneur en sucres des raisins.”
Quels enseignements tirer d’une telle campagne ?
Florian : ” Nous avons eu un temps pluvieux qui nous a apporté son lot de maladies. C’est le millésime qui veut ça et nous ne pouvons rien faire contre cela.
Les conditions météorologiques imprévisibles, comme la pluie et l’humidité, peuvent impacter significativement la qualité des raisins. Nous avons donc appris à nous adapter rapidement à ces changements. Nous avons d’ailleurs mis en place les moyens nécessaires pour traiter efficacement, une leçon tirée de l’année précédente.
Bien que nous aurions pu attendre un peu plus longtemps avant de récolter pour essayer d’obtenir une meilleure maturité, cela aurait présenté un risque de perdre en volume en raison des conditions météo. Nous avons donc pris la meilleure décision possible.
Maintenant, c’est le travail dans le chai qui va être important car il va permettre d’augmenter la qualité du vin.
Nous sommes et nous resterons toujours tributaires du climat, mais il est important de rester positif et de faire preuve de résilience chaque année.“
Vous l’aurez compris, l’année 2024 s’est révélée riche en défis et en préoccupations. On estime que la production française de vin pourrait connaître une baisse significative de 13 %, une situation qui inquiète les viticulteurs. Les conditions climatiques, marquées par des événements extrêmes tels que des gelées tardives, des périodes de sécheresse prolongées et des pluies intenses, ont fortement impacté les vignobles. Dans de nombreuses régions viticoles, les vendanges ont été éprouvantes, nécessitant un effort colossal pour récolter des raisins en quantité et en qualité satisfaisantes.
Cependant, la passion et la détermination des vignerons restent inébranlables. Conscients des défis auxquels ils sont confrontés, ils s’efforcent chaque année de se réinventer. Pour faire face aux évolutions climatiques et de manière durable, les vignerons se forment continuellement pour intégrer les avancées scientifiques et les nouvelles techniques viticoles, tout en mettant en avant le savoir-faire traditionnel qui fait la richesse des terroirs français.
Cette résilience se manifeste également dans une recherche constante de qualité. Les vignerons redoublent d’efforts pour produire des vins qui, malgré les aléas climatiques, restent fidèles à leur terroir et à l’identité des appellations. En s’adaptant aux nouvelles réalités, ils préservent non seulement leur héritage, mais aussi l’avenir de la viticulture française.